Notre Histoire
Suresnes : un lieu de réconciliation entre protestants et catholiques
Avant même que ne se répandent les thèses réformistes de Luther en France, il est amusant de noter qu’un érudit nommé le père Vatable, disciple de Lefebvre d’Etaples et futur curé de Suresnes ( !), se fit remarquer en 1545 par la publication d’une traduction française de la Bible Hébraïque (l’Ancien Testament) qui fut condamnée par la Sorbonne. Lecteur Royal, il fut aussi le maître de… Calvin au Collège de France.
Il semble que Suresnes soit très tôt associée au protestantisme : dès 1567, Suresnes est occupée par les protestants de l’Amiral de Coligny. Il y eu de sanglants combats à Suresnes ; ainsi en 1590, les troupes du duc de Mayenne furent enfermées dans l’église de Suresnes et les troupes protestantes du roi HenriIV y mirent le feu. Tous périrent. C’est aussi à Suresnes qu’eurent lieu les premiers jalons de la pacification religieuse et politique à la fin du XVIème siècle : une conférence s’y tint en 1593 entre représentants de la Ligue et du Parti Royal. Suresnes, à cette époque, avait séduit par sa beauté, sa grandeur et par le nombre de ses maisons logeables et bien meublées ! Il fallait bien que ces Messieurs soient à leur aise pour parlementer !
Cette conférence est un épisode d’une portée historique considérable puisqu’il mit fin aux guerres de religion qui précédèrent la conversion d’Henri IV. Ces négociations eurent lieu à l’emplacement des anciennes usines Guillaumet sur les quais. La délégation catholique habitait dans le quartier rue du Bac-rue Pierre-Dupont ; la protestante dans le secteur rue du Bac-rue E.Nieuport. Elles ont fait naître une immense espérance de paix: une foule énorme se pressait auprès du lieu de la conférence, en attendant les résultats, et demandant la paix. La première décision fut celle d’une trêve dans les combats entre les catholiques conduits par le duc de Mayenne et les protestants sous la conduite de Henri de Navarre qui tâchait de conquérir son royaume peu à peu, ville par ville.
Une trève de 10 jours y fut conclue en mai ; la liberté de circuler dans Paris et 4 lieues à la ronde fut accordée : ceci marquait le fin de ces terribles guerres de religion. Ces journées de conférences verront leur apogée avec la conversion du roi Henri IV signée à Poissy le 24 juillet 1593.
L'Eglise Actuelle
Pendant les siècles suivants, on sait peu de choses du protestantisme à Suresnes, si ce n’est que les soldats suisses protestants y eurent leur cimetière (probablement à la hauteur des numéros 36 et 34 du boulevard H. Sellier). Une prise de conscience intervient en 1892 : les protestants de Suresnes décident de se réunir en paroisse. Leur premier pasteur sera G. Laffay. Ils rejoindront d’abord l’Eglise Evangélique méthodiste jusqu’en 1907 puis l’Eglise Réformée évangélique de Paris. Après diverses péripéties, en 1921 l’Eglise Réformée cède à l’Eglise luthérienne la jouissance de la salle (une ancienne boutique, rue Berthelot) qui tenait lieu d’église.
Lorsque H. Sellier lance son projet de la Cité-jardins, il prévoit un terrain pour construire un lieu de culte protestant. Rappelons que Henri Sellier, maire de Suresnes et Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, a décidé la construction de la Cité-jardins en 1915, dont la réalisation fut confiée à Alexandre Maistrasse en 1917. Mais les difficultés financières et politiques de l’époque ne permirent l’édification de l’actuelle église de la Réconciliation que plusieurs années après la guerre. Une chapelle en bois (appelée « la baraque ») offerte par la Mission Suisse est dédicacée « Église de la Réconciliation » le 18 mai 1947.
Ce nom fut choisi non pas en mémoire des conférences de 1593, mais en référence à l’apôtre Paul qui a prêché pour la réconciliation des hommes avec Dieu.
La première pierre de l’église « en dur » est posée le 7 juin 1953 et inaugurée le 23 mai 1954 en présence de nombreuses personnalités. Construite par A & Ph.VERREY, elle fut entièrement financée par les dons des modestes paroissiens de la petite communauté. L’église est d’inspiration romane pour une part (clocheton, façade) et nordique (charpente, forme du toit, proportions et porche) pour ses proportions et la forme du toit et du porche.
Durant toutes ces années, alors que les conditions étaient souvent difficiles et précaires, de nombreux pasteurs se sont dévoués corps et âme à la Réconciliation, les paroissiens les plus âgés en gardent sans doute encore le souvenir : pasteurs Bernard Galicher, Michel Hubscher, Edouard Kiener, Rudolf Stumpf, Jeanne Zurcher, Jean-Frédéric Patrzynski, Claudine Jacquin-Robert, Edgard Schnitzler… Notre communauté leur doit beaucoup à tous ainsi qu’à tous les laïcs qui, au fil des générations, ont pris son devenir à bras le corps.
Avec l'aide de notre nouveau pasteur, Frédéric Fournier, à nous de nous montrer en ce 21ème siècle à la hauteur de la tâche qu’ils nous ont transmise.